Oskosh 2014

 

 

7/25 Vendredi. Après deux heures et demie de route depuis Portland Maine et autant en vol Boston Milwaukee je récupère une voiture de location et avec l’aide de mon GPS que j’ai amené de France je quitte l’aéroport. Je prends la route et 10 minutes plus tard je me retrouve dans une longue avenue droite sans fin d’une grande pauvreté des bas quartiers de Milwaukee, une demie heure de ligne droite plein de feux rouges non synchronisés sur de la chaussée en très mauvais état. Je me suis dit qu’il devait y avoir erreur mais j’étais engagée dans cette voie et c’était bienb la route la plus courte pour aller de Milwaukee à Oshkosh. A l’avenir faudra bien consulter la carte avant de faire confiance au GPS. Je devais apprendre plus tard que s’était risqué. Il s’agissait d’un ghetto noir, je ne vous fais pas un dessin. Faute grave de mon GPS qui a calculé une route au plus rapide. Pour le retour, pas de problème, mon GPS m’a bien fait passer par la bonne route.

Deux heures de route plus tard vers 21h00 j’arrive dans la ville d’Oshkosh, facile de se repérer car toutes les rues sont est-ouest ou nord-sud sauf quelques diagonales rapidement identifiées. J’avais déjà dîné au départ de Boston avant de monter dans l’avion, un Caesar Salad plus poulet, seule façon d’éviter de se remplir de gras, sucres et féculants. J’arrive donc dans mon B&B et j’y découvre des hôtes très accueillants, lui Tom avocat et elle Jean prof universitaire (ça se prononce jin en anglais et est considéré un nom féminin, voir Jean Seeberg) . Ils ont de suite tout fait pour que je me sente à l’aise. Si vous allez à Oshkosh c’est une adresse à retenir.

7/26 Samedi. Levée tôt, petit déj en self service. La manifestation n’ouvrant que lundi j’en ai profité pour me rendre à Milwaukee ou le musée de la ville exposait la collection Kandinsky prêtée par le musée Pompidou de Paris. C’est un comble, faut que je vienne dans le Midwest américain pour voir ce que j’aurais pu voir tous les jours à Paris. Ceci dit voir les tableaux de Kandinsky de prêt fut un véritable bonheur. Quel artiste. Quant au reste du musée, remarquable par son architecture mais un peu maigre quant à son contenu. Vers 13h00 quelques centaines de mètres pour me rendre au German Fest, un festival qui met en valeur l’héritage très germanique de la région, qui d’ailleurs regorge de brasseries de fabrication de bières. Je pensais y trouver de la bonne chaire allemande pour mon déjeuner mais je suis un peu restée sur ma faim car les bratwurst façon américaine, pas de vraie choucroute, et aucuns des bons plats allemands qu’on trouve un peu partout en Allemagne. Mais l’ambiance s’y trouvait, surtout lorsque je suis arrivée sur une estrade ou se jouait de la bonne musique style Oktoberfest, l’orchestre encadré par 4 Harley car il faut dire que Milwaukee est le lieu ou se fabriquent ces belles motos. Oh combien ai-je croisé d’américains corpulents un peu ours en débardeur laissant apparaitre des gros bras tatoués, guidon placé hauts, les bien bine devant en éventail et bandana autour du crane comme seule protection. Une ambiance très festive, beaucoup de rires et beaucoup de bière. De nombreux visiteurs étaient en costume traditionnel Leder Hosen pour les hommes et robes brodées pour les femmes. Vers 16h00 je quitte les lieux pour rentrer à Oshkosh à deux heures de route vers le nord.
Ne connaissant pas Oshkosh j’avais demandé à Tom où diner. Il m’avait conseillé la veille un restaurant sur la Sawyer Street, j’y suis allée mais j’ai confondu le Taco Jo avec le restaurant recommandé par Tom. Je suis donc rentrée dans ce fast food et y ai commandé un Taco pure tradition fast food qui semblait présenter quelques qualités diététiques. J’étais un peu déçue par les recommandations de Tom. Pas franchement satisfaisante ma première rencontre avec la gastronomie Oshkoshsienne. Retour à mon B&B puis dodo de suite car j’en avais plein les pattes.
7/27 Dimanche matin petit dèj relax dans mon B&B puis départ vers la Mecque des aviateurs. Avant d’arriver au parking du musée j’ai longé le terrain et me suis fait un premier aperçu du gigantisme de la manifestation et de l’importance du phénomène Vans. Il y en avait partout, presque à perte de vue. Arrivée  sur place les stands n’étaient pas ouverts mais le public pouvait se déplacer sans restriction sur tout le terrain. Et quel terrain, beaucoup d’avions étaient déjà arrivés incluant quelques avions historiques absolument magnifiques. Puis le brouhaha des exposants s’entremêle avec celui des nombreux volontaires EAA et les visiteurs comme moi, totalement ébahis par l’ampleur du phénomène Oshkosh. Quelle organisation. Puis comme mise en bouche je suis allée visiter le musée EAA qui est assez conséquent. Il regorge d’histoire sans faire dans le War Bird par excès, ce musée retrace la construction amateur et les machines qui ont marqué la construction amateur, Van’s est à l’honneur notamment avec le RV1 qui plane au dessus d’un des premiers RV3 et RV4. A l’entrée du musée un guichet avec plusieurs personnes portant de beaux polos bleus EAA, c’est justement la que je devais récupérer le précieux bracelet qui devait me servir de laisser passer comme visiteur pour la semaine. J’avais commandé mon entrée par Internet, l’affaire fut donc règlée en quelques minutes
Ensuite je voulais me rendre compte des choses que j’allais visiter les jours à venir. La météo pas tout à fait au RDV, quelques grosses douches dans un ciel éclatant de luminosité n’ont cependant pas été un obstacle. J’ai déambulé dans quelques allées pour sentir la bête. Il y a environ une 20 de km de marche si on veut tout voir. Et quelle bête. Il y avait évidemment beaucoup de points de vente de t-shirts, de casquettes, de souvenirs de tous genres, j’ai résisté. Je suis plutôt fier de cet exploit mais il faudra que je rentre avec quelque chose que je puisse mettre pour épater les copains. J’ai quant même succombé à la tentation devant une tente à l’enseigne Aviation Books. J’avoue avoir acheté deux bouquins,  l’un de l’acteur James Stewart qui a été pilote de B17 pendant la guerre et une biographie de Doolittle, le général qui a organisé et entrepris le raid sur Tokyo et un bouquin sur les techniques de vol sur flotteurs.
Avant de quitter les lieux je décide de me rendre à la base amphibie question de me remettre un peu dans le bain après avoir fait de très beaux vols en Cessna 172 sur flotteurs dans le Maine. La base amphibie d’Oshkosh se trouve à environ 5 km au sud de l’aérodrome en bordure du même lac sur lequel se trouve la ville. L’endroit est petit, assez renfermé, un contraste surprenant suite au gigantisme du reste de la manifestation. Un petit parking (encore $10/jour) puis un sentier de 300m entre les arbres qui mène à la base. On y trouve quelques pontons d’accostage, des bouées auxquelles sont amarrées quelques avions, une rampe de mise à l’eau car certains avions sont amphibies, une cabane EAA, une autre de vente de quelques bricoles, des campeurs et des caravanes et camping cars. L’endroit est très paisible, agréable, il donne envie de s’y attarder pour tout simplement échapper au brouhaha d’Oshkosh. Le temps de prendre quelques photos, puis j’ai quitté les lieux..
Par la suite une petite promenade en voiture bien calée dans mon siège car j’en avais plein les pattes, question de visiter la ville. Oshkosh se présente sous forme de rues très larges nord-sud et est-ouest avec des possibilités de stationnement absolument partout. Je suis allée du côté Nord et suis tombée sur le cimetière sous forme d’un grand parc botanique magnifique avec une section War Veterans, un drapeau US sur chaque tombe. Les américains manifestent leur patriotisme en ajoutant le Stars and Stripes sur pratiquement toute surface imaginale. La soirée avançant, dîner léger dans un restaurant au bord de la rivière qui coupe Oshkosh en deux, le Fratello’s prêt du musée d’art d’Oshkosh. Bonne ambiance, les participants à cet événement pouvaient se reconnaître entre eux grâce aux bracelets blancs qui leur servent de laisser passer, nous étions nombreux.
Puis retour B&B. Sur la route, Sawyer Street que je descends par hasard pour rentrer, je passe devant le restaurant que m’avait recommandé Tom, le Delta. Je prends bien note car il faudra que j’y aille dîner. En arrivant chez Jean et Tom mon colocataire Don était là, ex général de l’USAF, qui avaient plein d’histoires à raconter, comment atterrir un B52 par vent de travers entre autres. Cet homme regorge d’histoires et possède une étonnante connaissance des avions historiques. Il est d’ailleurs le patron de l’équipe qui juge les avions Vintage : Antiques, Classic et Contemporary. Vers 10h30 du soir on se dit bonsoir et dodo.
7/28 Aujourd’hui lundi première journée d’Oshkosh dans toute sa splendeur et grandeur. Mais il fallait assurer le transport. Y aller en voiture posait deux problèmes, la circulation infernale, l’impression que toutes les voitures du Midwest s’y rendaient, et le coût à $10 par jour cela terminait par chiffrer. Ou alors aller vers un parking gratuit au nord du terrain ou une navette gratuite sous forme d’autobus d’école jaune que nous avons tous vu dans des séries américaines nous attendait. Dix minutes plus tard je me retrouvai devant l’entrée principale d’Air Venture ou un ballet incessant de visiteurs, de bénévoles en chasubles jaunes, de karts style terrain de golf, de petits trains bondées, de scooters, de fauteuils roulants motorisés… Tout un monde chacun avec son vécu, qui devait se retrouver lors de cette grande messe. Pour contrôler piétons qui rentraient et véhicules de tout genre qui croisaient le long de la barrière d’entrée quatre bénévoles dont un avec un sifflet pour marquer la bascule passages piétons ou alors passage véhicules.
Première impression, une méga organisation. Des véhicules de golf partout. Il y en a des centaines. Aucun n’est loué, il s’agit de véhicule mis à la disposition des bénévoles selon leur fonction. Et des petites motos électriques ou à essence qui pétaradaient. A cela s’ajoute les fauteuils roulants motorisés et autres engins de tout genre pour aider ceux qui peinent à marcher. Heureusement les vélos sont interdits. Mais comme les distances sont longues, bien 2km voir plus pour aller d’une extrémité à l’autre, un réseau de petits trains sous forme de petits tracteurs tractant deux wagonnets sur roues pneus pouvant transporter 50 personnes assurait de pouvoir aller relativement vite d’un point à un autre sans trop se fatiguer. Le temps de me repérer et découvrir tout ça j’ai pris du retard. Je suis arrivée à 9h00 au Theater in the Woods où je devais assister à une classe sur la voltige. Tout au moins c’est ce que je croyais avoir lu. Je découvre sur la scène du théâtre une vingtaine de personnes en tenue gym faisant du step sur un rythme assez vif. J’avais tout simplement mal lu ayant confondu aerobics et aerobatics. Bon, ça commençait mal, puis j’ai eu un mal de chien à repérer les forums, j’avais vu que beaucoup d’exposés s’y présentaient, tout cela pour dire que je commençais à fatiguer. A 10h15 Kevin Holton avait donné RDV aux constructeurs de RV8, je ne pouvais pas manquer cela. Cette fois ci j’étais à l’heure. Mais finalement nous n’étions que dix, incluant des personnes de la revue Kitplanes. De quoi avons nous parlé ? Je ne sais trop mais le vrai plaisir était de nous retrouver dans ce cadre extraordinaire pour nous féliciter mutuellement d’avoir construit de si merveilleuses machines.
Vers 11h00 nous nous sommes séparés, chacun partant de son côté. Pour ma part je suis allée dans le plus proche des quatre hangars, le D, où se trouvent les exposants qui n’ont pas un stand autonome dédié. Ces hangars sont grands, 5 allée chacun une vingtaine d’exposants par allée alors faites le compte 4x5x20 = 400. Si on ajoute à cela les marchés aux puces et en plein air, les grands stands Garmin, Honda Jet, Vans, Hartzell… cela fait du monde. Pas question de m’attarder chez tel ou tel exposant, fallait que je me fasse un aperçu de l’ensemble pour définir mes priorités, impossible de tout voir. Et dehors le brouhaha incessant d’avions, tantôt un Pitts en train de faire des siennes, une patrouille serrée de 20 T6 faisant des passages  hauts et bas, le trimoteur Ford qui a lui tout seul faisait un bruit de toute une escadrille emmenant des passagers payants, des avions qui arrivent, d’autres qui partent, une patrouille de 4 fois 4 Vans, la présentation de l’Osprey, cet avion militaire dont les deux moteurs sont dans des nacelles en bout d’ailes, à décollage vertical, puis qui pivotent pour le vol horizontal, impressionnant…
La météo heureusement était toujours au RDV. Heure du déjeuner, où et que manger ? Et là mauvaise nouvelle. Pas terrible, hotdog, bratwurst à l’américaine, hamburger et dérivés, chips grasses… dur dur. Glaces, boissons sucrées partout, et heureusement beaucoup de bouteilles d’eau à $2 la bouteille. Je me suis donc résigné en essayant de faire pour le mieux quitte à me rattraper avec une bonne salade le soir. Ce premier repas Oshkosh derrière moi j’entrepris d’aller voir des Vans.
Dix bonnes minutes plus tard car c’est finalement assez loin, côté Nord l’expo étant Nord Sud, j’arrive sur un champ de Vans à perte de vue. Il y a plus de Vans que tous les autres avions réunis, certains bâchés, d’autres avec des panneaux à vendre, d’autres ouverts avec un petit attroupement s’affairant autour, tentes de camping un peu partout. Pour un constructeur de Vans, mon cas, le paradis. Je me suis donc rapprochée d’un premier RV8 cockpit ouvert pour entamer un petit échange avec son proprio. Quel accueil chaleureux. Un type du Texas John et sa femme Patty tout les deux heureux de rencontrer une constructrice française de RV8. Que nous nous sommes dit ? Je ne me rappelle pas mais nous nous sommes dix plein de choses, quel moteur ? Perfo, conso, poids, astuces… Puis je suis allée voir un autre RV8 aussi beau. Re belote, accueil chaleureux… Et comme ça j’ai dû parler avec une dizaine de pilotes, avec évidemment le brouhaha incessant des arrivées, décollages et présentations.
J’ai ensuite visité les trois autres hangars d’exposants (A, B et C) pour me faire une première impression et des choix quant à la suite. J’y ai très rapidement trouvé Andy Philips d’Andair, Brad d’Emag Ignition qui m’a upgradé mes Pmags en dernière version, Rob de Advanced Flight Systems maintenant rattaché à Dynon mais qui existe toujours comme ligne de produits indépendante… de quoi passer des heures. A 5 heures précise les halles d’expo fermant je suis allée me balader voir les avions, il y en a partout, surtout coté collection où un splendide Lockeed Electra attendait ces congénères. D’un poli alu impeccable 6 autres devaient arriver, donc fallait retourner plus tard dans la semaine. Vers  19h00 je vais retrouver la navette qui m’emmène au parking où se trouve ma voiture. Puisque le parking coûte $10 par jour et qu’il fallait que je réduise mes dépenses, j’ai trouvé une astuce. Il y a au nord du terrain un parking municipal gratuit rue Knapp réservé EAA le long duquel une navette EAA assure la liaison entre le parking et le terminus autobus d’où d’ailleurs partent d’autres navettes gratuites d’une façon continue vers le musée EAA, la base hydravions, le terminus aéroport côté Nord, les différents parkings (gigantesques) et les camps de camping, également gigantesques. Je quitte donc le parking et remontant vers Oshkosh je passe devant un restaurant dont j’oublie le non mais qui se caractères par Fast Italian. Je rentre et m’aperçois de suite qu’il s’agit d’un fastfood de la plus pure espèce. Manquant de courage pour rechercher un autre restaurant, je commande une Caesar Salad avec Chicken ce qui me semblait le plus diététique. Avalé vite fait je rentre chez Jean et la retrouve ce qui nous permet de nous connaitre. Nous avons elle et moi beaucoup de choses en commun, et beaucoup à nous raconter. Quelque temps plus tard arrive Don, quelques échanges puis il nous raconte la difficulté des hivers dans le Colorado Ouest – 5 mètres de neige. Il nous dit n’y avoir que deux saisons au Colorado, l’hiver plein de glace et neige et l’été, plein de travaux pour réparer les dégâts de l’hiver. Puis dodo.
7/29 Mardi, 2ème journée, la première ayant été éprouvante j’ai décidé de profiter des séminaires du matin pour ménager mes petits petons. Parking au nord du terrain, navette jusqu’au dépôt gare routière, marche jusqu’à l’entrée principale, petit train tiré par un mini tracteur John Deere (rutilant neuf en vente après l’expo), marche jusqu’au forum 5 où je devais écouter un exposé sur le système de breakers électronique VPX. Arrivée à 8h30 pile la salle était bondée. Faut dire qu’il y a plus de 12 grandes salles ouvertes sur trois côtés d’une capacité d’environ  100 places chacune, pleines matin et après-midi, ce qui reflète la taille de la manifestation. Quant à l’exposé, pas franchement convaincue par rapport à une installation existante. Sur un avion à construire peut-être. J’ai donc quitter pendant la session questions réponses pour me rendre au stand ou j’avais acheté mon t-shirt afin de l’échanger. J’avais pris un small, pas de problème, ils avaient toujours des medium.
Pour le 2ème exposé, même salle, j’avais compris sécurité vol montagne. Mais ce n’était pas tout à fait ça. Il s’agissait de sécurité des vols dans le Colorado lorsqu’il s’agit de franchir des cols entre 10000 et 12500 pieds. Le séminaire avait comme cible des propriétaires de Beechcraft, Cirrus et autres qui désiraient se rendre de Denver à Aspen ou Vail. Rien à voir avec les techniques de franchissements de col, atterrissages sur alti-surfaces, aérologie montagne,… Mais le présentateur avait beaucoup d’humour et le sujet restait intéressant. Je suis donc restée jusqu’à la fin.
Je suis ensuite allée du côté de chez Vans, côté Nord où se trouve également les War Birds, un peu plus loin. Et oh miracle Dick lui même était là. Je m’approche de lui pour le saluer car nous avions eu quelques échanges à Friedrichshaffen mais il était en pleine discussion avec un monsieur qui portait un polo FAA. Je me suis dit ce n’est peut être pas le meilleur moment. J’ai fait un 180 puis je me suis éclipsée.
Vans présentait un RV12 et un RV14 dans lequel j’ai pu m’installer. Il est similaire à un 6, 7 ou 9 mais plus large et on est assis beaucoup plus haut de façon à pouvoir reposer son coude sur le côté du fuselage, un peu comme dans un Robin. Je suis ensuite partie faire les hangars A, B et C. Que dire si ce n’est que beaucoup de choses ont changé. Si c’était à refaire j’aurais une avionique plus performante. En sept ans il y a eux trois génération d’avionique, la loi de Moore s’applique bel et bien, celle qui dit doubler les transistors sur chip tous les 18 mois. J’installerais des breakers électroniques VPX, des phares à LEDs, un train monobloc de chez Grove, j’utiliserais un tas en tungstène pour le rivetage mais je construirais toujours le même avion, un RV8. Ce n’est pas tout de voir des fournisseurs, faut aussi voir les avions en vol et à Oshkosh ça ne manque pas. Ça vole constamment. Je suis donc sortie des hangars pour contempler les avions en vol et au sol.
Il y a show aérien tous les jours de 1430 à 1800. Des aces de la voltige, vols de Breezy, patrouille de 21 Vans, patrouilles de six T28, passages de P51 (encore des P51, qu’est ce que c’est banal), F86, Mig 21, Stinson, Lockeed Electra 12… comme dans un musée, à force de voir des chefs d’oeuvres on ne voit plus rien mais quant même ça reste beau. Et de temps en temps le vrombissement oh si beau de gros moteurs en étoile lors de passages occasionnels de Ford Tri Motor, de B17 ou B29. Vers 17h00 de nouveau plein les pattes je prends mon autobus pour récupérer ma voiture et aller dîner. Sauf que cette fois-ci je sais où aller. Ce sera le Delta sur Sawyer Street que m’avait recommandé Tom. Finalement pas mauvais enfin un restaurant avec de la vraie bouffe, mon premier vrai  repas car à Oshkosh c’est le Midwest et côté bouffe ça ne le fait pas. Retour chez Jean avec qui j’ai un peu papoté puis est arrivé Don. Cette fois ci nous avons parlé du Black Bird, ses missions, la préparation du pilote, ils s’y prennent 3 jours avant, passionnant, et le ravitaillement en vol au niveau 350. Le Black Bird monte au niveau 600 et vole à Mach 3,7. Pour se ravitailler il faut qu’il descende, qu’il prenne sa dose, et qu’il remonte. Les missions peuvent durer 15 heures. Mais avec l’arrivée des satellites, comme espion depuis le ciel il est devenu obsolète.
7/30 Mercredi, 3ème journée. Ce matin cap sur le forum 11 pour une présentation du vol en hydravion. Je m’attendais à un genre de cours sur ce qu’était ce type de vol, amerrissages, approches de docks, de plages, de bouées… Puis finalement non. Il s’agissait de comprendre la législation concernant l’utilisation des plan d’eau, fort intéressant d’ailleurs mais je suis restée sur ma faim. Faut dire que la législation américaine est fort libérale à ce sujet alors que la notre est extrêmement limitative. A part Biscarrosse et l’étang de Berre nous ne pouvons amerrir nulle part. Le lac du Bourget va peut être s’ouvrir et après qui sait. En tout les cas l’équipe de Biscarosse s’active avec entrain pour libéraliser notre législation. Ceci dit j’ai fait de l’hydravion dans le Maine, lacs et rivières, fantastique. Des paysages à couper le souffle puis une faune… aigles, oies sauvages qui font bon ménage avec les hydravions, canards, loons et dans les bois les élans américains, cerfs, sangliers, porcs-épics, ratons laveurs, mais on ne les voit pas depuis l’hydravion.
Après ce séminaire, j’ai déambulé au hasard de ce que je voyais, c’est tellement riche, un petit tour dans la tente NASA pour me faire balloter comme dans une lessiveuse, amusant, ça tourne sur trois axes assez vite. J’ai ensuite traversé la zone centrale que je commence à connaître puis cap sur les historiques où se trouvaient les 6 autres Lockeed Electra attendus, chacun plus beau que celui d’á coté. Mais le clou de l’événement est bien le Lockeed Vega, seul exemplaire au monde à voler. Exposé devant le chef lieu des Vintage, il remportait un succès bien mérité. Une machine superbe.
Puis cap zone Sud, sur le chemin visite d’un camping pour y voir des véhicules extraordinaires et arrêt devant une bicoque qui vendaient du mais sur épis absolument délicieux. Sur la route j’ai rencontré un petit groupe d’Oklahoma, fanas d’avions historiques (Luscombe, Cessna 140), très accueillants avec qui j’ai papoté un bon petit moment. Nous étions assis dans un espace gazonnés sous les arbres (au USA on ne massacre pas les arbres en les taillant comme en France) baignant dans une fraîcheur  fort agréable car il commençait à faire chaud et en arrière plan les vrombissements très divers des avions en présentation. Échanges de civilités, l’inévitable d’où venez vous (ha oui j’ai un accent quand je parle anglais), et infos respectives sur nos vies d’aviateurs. Quel plaisir, 10 bonnes minutes, échanges de coordonnées, qui sait nous nous reverrons peut-être si je retourne à Oshkosh. Un des compères en était à son 37eme Oshkosh, l’autre à son 28
Plus loin, le Pirate’s Cove. Un petit stand retirè au fond d’un des parking de la zone Vintage. Indescriptible sauf que le Margarita est de rigueur, et bien sûr les coiffures de pirates. Ils ne vendent rien, que leurs T-shirts. Il s’agit surtout d’un lieu de rencontres entre copains qui se connaissent depuis longtemps. J’ai eu l’occasion de parler avec Jack, un américain qui travaille chez Dassault USA mais qui se rend en France souvent et qui connaît l’équipe Salis de la Fertè. Nous avons papoté longuement et sympathisé, du coup je lui ai proposé un vol en RV8 lors d’un de ses prochains voyages en France.
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Je quitte le Pirate’s Cove puis après un quart d’heure de marche je suis finalement arrivée zone Sud où se trouvent les hélicoptères. Ils sont si nombreux, mélangés aux autogires, départ/atterros toutes les 30 secondes. Sur l’aire de départ j’en ai compté 7 au sol les pales tournantes plus 3 en finales et 4 en éloignement. C’est Oshkosh, l’aviation construction amateur et historique dans toute sa démesure. Quant à la diversité de machines, tout y est. Ne les connaissant pas je ne peux les décrire mais il y en avait de toutes sortes, petits, grands, certains carrénnés superbement. Pour le retour petit train au drapeau bleu jusqu’à la zone Vintage (avions historiques) où je suis descendue pour me rapprocher du centre de la piste car les présentations en vol commençaient. Pitts, Extra300, Breezy, un BeeGee, patrouilles de T6, P51, un Thunderbird (F16) de l’équipe de voltige de l’armée de l’air américaine qui faisait ses repérages pour la présentation de vendredi, et beaucoup d’autres. Sur les rotules j’ai capitulé vers 17h00 puis après avoir récupéré ma voiture je suis allée dans un restaurant Italien, le Pavlone sur Murdoch Street, meilleur que celui de la veille mais le top est bien Fratello’s sur Congress Street sur le bord de la rivière. Ce soir il y a des présentations en vol supposément superbes mais je n’en ai pas le courage, ce sera dodo tôt.
De retour dans mon B&B je découvre un mail de Frédéric L. qui me dit être arrivé à Oshkosh. Oh bonheur de retrouver un copain et pouvoir partager un peu tout ça car déambuler seule dans les kilomètres d’allées d’Oshkosh n’est pas la meilleure façon de profiter de cet événement. On se donne RDV pour le lendemain puis de nouveau papotage avec Jean et Don arrive. Cette fois il nous parle du Strategic Air Command, centre de contrôle de la force de frappe américaine.
7/31 Jeudi. J’ai un peu fait relâche en me levant tard, 8h00 au lieu de 6h30. Pas de conférence qui m’attirait particulièrement mais ma priorité était de retrouver Frédéric. Donc premier SMS : ‘Où es tu ?’ Finalement nous nous retrouvons à la Socata où le nouveau TBM900 est en expo. Et non seulement je retrouve Frederic mais également Alain B. que je connais de Nangis. De plus il dispose d’un kart golf 5 places ce qui nous permet d’épargner nos jambes, car les distances sont longues. La visite du TBM900 étant terminée, nous voilà partis à 5, Alain, son fils Olivier, Xavier du Fana de l’Aviation, Frédéric et moi même poursuivre la découverte des War Birds à l’extrémité Nord du terrain, un bon quart d’heure de marche, presque autant en kart cause nombreux piétons. Une fois arrivés nous avions en Alain et Xavier des guides d’exception. Alain a une connaissance encyclopédique de l’aviation, et Xavier connaît particulièrement bien les War Birds, leur histoire et leur propriétaire. Nous sommes donc arrivés chez les War Birds et y avons trouvés des P51, P28, TBM Avenger, Corsair, T6, B25 Mitchell, F86, Thunderbolt, Mig 17,  et de nombreuses autres machines, Xavier et Alain commentant évidemment tout ça avec moultes détails. Mais la météo s’y est mêlée sous forme d’une belle trombe d’eau, tout le monde sous la tente restaurant des War Birds. Pendant l’orage Alain nous a raconter que les choses à Oshkosh peuvent tourner mal. Deux ans au paravent il se trouvait dans la même tente lorsqu’un orage est arrivé. Vents de 200 km/heure, tout bascule, tables renversées, tout le monde au sol, toit de la tente bascule sur Alain qui se trouve coincé au sol, eau qui monte, scénario un peu catastrophe, tout cela évidemment pour nous rassurer. Bon, l’orage passe et nous terminons notre visite. Nous remontons sur le kart puis cap sur la concession glacier d’exception qui propose d’énormes boules de glaces sur cônes gaufre, rien à voir avec les cônes à la française et leurs boules de glaces rikiki vendus à des prix exorbitants. Dix minutes plus tard nous étions 5 français, chacun savourant goulument sa glace, nous avions alors un âge mentale de 8 a 10 ans, pas plus.
Nous sommes ensuite allés voir les avions historiques et les avions stationnés entre la route et le bord de la zone piétonne, au delà c’est la bordure de piste. Pas de barrière, une simple ligne tracée au sol, pas un pied ne dépasse. Le public est d’une discipline exemplaire. D’ailleurs, la propreté est marquante. Pas de service de nettoyage qui se fasse remarquer et pas un papier qui traine. Il y a par contre des poubelles partout. Mais je reviens à notre visite. Comme d’hab Alain et Xavier nous font découvrir d’autres machines, par exemple les Lockeed Electra 12, leur historique, évolution. Puis c’est le tour d’un splendide biplan rouge foncé avec une déco Art Déco sur les flancs, absolument magnifique. Un Stinson? Je n’ai évidemment pas retenu ma leçon. Dommage, j’aurais dû prendre des notes.
Nous sommes ensuite allés jusqu’à l’extrémité Sud, LSA, autogires et hélicoptère pour voir puis retour au parking, l’heure du dîner s’annonçait. Où dîner? A Oshkosh nous connaissions plusieurs Italiens pas mal, mais finalement Alain nous a proposé le Kodiac, prêt de l’autoroute nord-sud qui longe Oshkosh à côté de Walmart juste en dessous du grand réservoir d’eau sur lequel figure en grandes lettres ‘Oshkosh’. Arrivés au Kodiac nous nous retrouvons devant une foule qui attend patiemment une table – 1 à 2 heures d’attente. Olivier, le fils d’Alain, qui a ses entrées dans ce resto nous arrange le coup. Le temps de commander une bière et commencer à la boire voilà que notre homard de réservation se met à clignoter et vibrer de tous ses membres. Petit détail : lorsqu’on passe à l’accueil on s’enregistre puis on se met en file d’attente pour dîner, l’hôtesse nous donne alors un petit homard en plastique porteur d’un numéro, le notre, et dont les yeux clignotes de deux petites lumières rouges d’autant plus rapidement que nous approchons du moment de passer à table.
Le Kodiac est un lieu typiquement américain avec un peu de musique live, il y avait un guitariste qui nous chantait du folk et vieux tubes, des machines dans l’entrée qui ressemblaient à des machines à sous mais qui distribuaient des petits objets cadeaux en guise de réussite, des animaux en peluche à la vente, mais surtout, sur les murs partout des animaux empaillés. Des têtes de cerfs, d’élans américains (moose), d’ours, de loups, de poissons pêche aux gros. J’ai même vu une tête de bison, tout ça grandeur nature. Quant à la salle un va et vient  de serveur, de clients, des conversations bien animées, et surtout, une approche facile entre gens qui ne se connaissent pas, la plupart des clients étant des visiteurs de l’expo. Assez joli, belle déco, une lumière tamisée complète l’ensemble. Nos plats, pas compliqués et de bonne qualité, étaient encore meilleurs du fait du cadre et de l’ambiance. Vers 9h30 nous nous sommes quittés chacun devant rentrer chez soi pour affronter le lendemain. Puisqu’il était un peu tard pas de Jean ni de Don. Mails puis dodo.
1/8 Vendredi. Dernier jour car demain je rentre à Portland Maine via Boston. Après 4 jours, 5 si on compte dimanche, je commence à saturer mais il y a encore tellement de choses à voir. Au programme ce matin, je me suis levée tard, une conférence de Richard Cole, le copilote de Doolittle lors du fameux Raid sur Tokyo 133 jours après l’attaque sur Pearl Harbor. A 99 ans cet homme est une légende vivante. Mis à part quelques difficultés pour entendre, des qu’on lui avait soufflé la question à l’oreille il prenait son temps puis répondait aux question avec une voix forte, posée, et beaucoup d’humour. Écouter cet homme fut pour moi un régal, je dirais l’événement qui m’a le plus marqué de mon séjour à Oshkosh. Du coup je suis vite allée à l’Aviation Bookstore où j’y ai trouvé un exemplaire de 30 Seconds Over Tokyo édition 1944 pour $5. Entretemps Jean-Marie Urlacher, Frederic L. et moi avons  essayé de nous retrouver, mission impossible si on ne se donne pas un point et une heure précise. Constamment tiraillés par tout ce qu’il y a à voir et à faire, le je suis là, viens ne marche pas car des arrivé au point je suis là l’autre est déjà parti ailleurs. Jean-Marie et moi n’avons pas réussis à nous rencontrer par contre Frédéric L. m’a envoyé un texto je suis chez vans dans 3 minutes – ça à marcher. Nous avons ensuite fait un petit bout de chemin ensemble et oh miracle, nous arrivons sur le stand Xtreme; l’entreprise dans laquelle Bastien L. termine son stage. Il s’y trouve un Xtreme dans lequel Frédéric et moi même nous empressons de monter dedans, question de l’essayer.  Puis Alain B. et son fils nous ont rejoint pour que nous déjeunions ensembles. Derrière Vans se trouvait une sandwicherie Subway, c’est le mieux que nous avons trouvé, pour dire à quel point la bouffe Oshkosh laisse à désirer. Nous nous sommes quitté après cela, Alain B. avait des choses à voir de son côté, et Frédéric L. devait prendre la route pour Chicago mais avant il a tenu à me montrer un RV8 absolument fabuleux. Transformer en FastBack, il avait une verrière qui s’ouvre latéralement comme les RV4. D’une finition impeccable, une vraie bête de concours. Par contre son proprio/constructeur ne l’avait pas encore piloté, l’ayant confié à un pilote expérimenté. Impossible de connaître les performances dû au FastBack. Je suis un peu restée sur ma faim mais j’ai pris des photos et crois connaître le nom du proprio. Affaire à suivre.
Ayant dit au revoir et bon voyage à Frédéric L. j’ai déambulé sans but précis vers le point pivot, la place Boeing, au cœur du terrain. Pour terminer la journée j’ai quitté le terrain vers 16h30, les orages menaçaient puis je saturais réellement. Donc l’autobus jaune jusqu’au parking puis l’ATM pour récupérer des sous car ce soir je paye mes hôtes et ensuite cap sur le Kodiac. Re-langouste avec le No. 15 qui clignotait toutes les 2 secondes pour m’indiquer que j’avais moins de 10 minutes d’attente. Le temps de commander une bière sans alcool et commencer à la déguster puis la langouste s’est mise à clignoter de partout et à vibrer dans tous les sens, pour m’indiquer que ma table était prête. Donc je vais à l’accueil ou une jeune fille plein sourire comme d’hab aux US me guide vers ma table. Et je commande un Hamburger Jack Daniels avec légumes de côté, le salad bar étant une possibilité  supplémentaire de manger des légumes, chose rare dans le quotidien des fastfoods. Le hamburger délicieux, rien à voir avec du MacDonald, Burger King et autres. Si vous venez à Oshkosh, je vous recommande le Kodiac.
Par la suite, retour chez mes hôtes qui regrettent mon départ car nous nous sommes vraiment liés de sympathie. Valises, je rentre avec deux valises de style carry-on alors que je suis arrivée avec une seule : casquettes, t-shirts, jouets pour mes petits enfants, pièces pour l’avion (filtre à huile et nouveau manche plus ergonomique que celui que j’ai). Puis j’enlève mon laisser passer qui me sert de bracelet au poigné depuis une semaine. Suite à ce geste je clôture l’aventure Air Venture, geste symbolique qui marque le fait que cet interlude dans ma vie est vraiment terminée.
2/8 Samedi. Air Venture est fini pour moi mais un ballet aérien dès 7h30 constitué d’un nombre important d’avions me rappelle que la fête continue jusqu’à dimanche. J’aurais pu rester 2 jours de plus mais après 6 jours je sature. Je quitte donc Oshkosh sans regrets très satisfaite de mon séjour, retour à Milwaukee puis Boston Portland. Donc réveil et levé tranquilles suivit de petit déj relax. Mes hôtes sont absents mais nous nous sommes déjà dits au revoir le soir la veille. Jean m’a d’ailleurs préparé un petit sac avec des cookies que Tom avait fait, petite attention délicate. Arrivée à l’aéroport ils m’ont servi de dessert. Irais-je à Oshkosh l’année prochaine ? Je ne sais pas. Certains y vont tous les ans, d’autres un an sur deux, d’autres une fois pour connaître puis n’y retournent pas. Dans quelle catégorie dois-je me positionner ? Je ne sais pas, affaire à suivre.